Puis la ville nous happe. Au début nous ne nous laissons pas faire, nous tentons de résister et de garder notre rythme tropical : départs tardifs du bateau, activités réduites pendant la journée (on échoue plusieurs fois dans nos tentatives de visites, les queues sont trop longues parcequ'on est partis trop tard, les musées sont fermés parce qu'on n'a pas vérifié leurs horaires...), on fait des pauses dans tous les parcs et on rentre exténués sur Tahoma, ce qui retarde encore notre démarrage le lendemain. Bref, force est de constater que nous sommes réellement tropicalisés, bons à jeter pour la ville, irrécupérables.
Ca ne durera pas. Passés les 3-4 premiers jours de flottement, nous courrons comme les autres, on arrive “dans les temps”, on optimise nos journées, on rentabilise notre séjour, bref, on redevient performants et ... stressés !!
Les ondes de la ville nous ont contaminés, on se surprendra même Sybil et moi, à trouver que parfois les gens devant nous ne marchent pas assez vite...
Alors pour garder le ryhtme et ne pas “perdre” de temps, on offre des rollers à Mahault et Sissi, garantie qu'elles tiendront la cadence et ne nous retarderont pas...
Et on se console en se félicitant de notre capacité d'adaptation, intacte ...
New York
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Arrivée mythique et bien méritée à la grosse pomme : partis des Bahamas avec l'idée que le gulf stream nous y conduirait en quelques jours, nous avons très vite déchanté face à la pétole de nos premiers jours de nav suivie d'un coup de nord tellement violent que nous avons dû nous abriter près du cap Hatteras pendant près d'une semaine.
La côte Est des Etats-Unis est longée par des canaux naturels qui forment l'Intracoastal Waterway, une route maritime qui permet de relier le Mexique au Canada sans passer par la mer. Idéal pour avancer en cas de gros temps. La balade est ravissante, sur les bords du canal les maisons rivalisent de charme ou de faste, des petites marinas accueillent pour la nuit les bateaux de passage, tout un monde s'organise au rythme de l'ouverture des ponts mobiles qui jalonnent le parcours. Nous avancerons nous aussi pendant une petite semaine dans ces canaux, jusqu'à ce qu'un pont fixe, passé pourtant à marée basse, nous refuse le passage. Fabien, toujours ingénieux, avait débranché tout ce qui dépassait du mât (anémomètre, feu de nav, antenne vhf) et placé un manche à balai à l'horizontale censé jouer les fusibles en cas de pont trop bas. Le balai n'aura pas survécu à cette aventure, preuve que l'idée était bonne...
Pendant notre lente avancée dans les waterways des hélicos de recherche en mer passeront plusieurs fois au dessus de nos têtes. Le cap Hatterras est réputé casse bateaux et nous apprendrons que deux voiliers ont été engloutis une fois leurs passagers sauvés, ouf. La tempête était donc sérieuse, d'ailleurs dans les canaux pourtant abrités on naviguera par 35 noeuds de vent.
Le 9 mai une petite fenêtre météo s'ouvre de nouveau. Fabien part vérifier en vedette si la sortie de la passe est praticable. Elle est encore assez agitée par la houle résiduelle de la tempête, mais nous avons des fourmis dans les jambes, on lève donc le camp...
Chaque passage de pont fixe nous donnait des sueurs froides. Notre tirant d'air était en effet supérieur à la hauteur annoncée pour ces ponts (65 pieds).
Il fallait donc attendre la marée basse et avancer cm par cm en gérant vent, courant et clapot...
Encore 3 jours de nav et c'est l'arrivée. Les gratte-ciels de Brooklyn puis de Manhattan se détachent très loin dans le brouillard du matin. Vision hallucinante pour nous dont l'horizon s'élevait rarement au delà d'une hauteur de palmier. On change de dimension et on se demande ce qu'on fait là, avec Tahoma... Nous n'avons pas bougé, nous sommes restés dans le même univers protecteur du bateau et pourtant autour de nous tout est différent... C'est surréaliste, grisant, la musique est à fond et on danse sur le pont du bateau...
Mais NY se fait encore un peu désirer. Le pont du Verrazano qui rejoint Staten Island n'en finit pas de se rapprocher, puis soudain, une fois qu'il est passé, la statue de la liberté nous salue et Manhattan nous saute au visage. On se mitraille les uns les autres, on n'en revient toujours pas d'être là...
Notre parcours fut très classique. Ellis Island pour que les filles comprennent le métissage de ce pays et percoivent ce que représentait cette terre au moment de l'immigration massive, visite de musées où les filles croquaient leurs oeuvres favorites, gospels dans Harlem, pic nic dans central park, cinéma (Shreck 3 qui venait de sortir) , Chinatown, ground zero et j'en oublie beaucoup. La liste de ce que nous n'avons pas pu faire est au moins aussi longue que celle de nos visites, mais nous avions pris le parti de savourer ce qui se présentait et de n'avoir aucun regret. Dans ce temple de la sur-consommation, là aussi nous avons repris nos mauvaises habitudes et rattrapé notre retard. Difficile de résister à une offre aussi large, même si la France n'a rien à envier à leurs boutiques ...
NY fut aussi le théâtre de retrouvailles familiales affectueuses : Valentine, la soeur de Fabien, après avoir passé deux ans à plancher sur les bancs de la Pearson School, nous a conviés à sa graduation. A cette occasion un petit comité de membres de la famille avait fait le déplacement : cousines, tante et surtout la mère de Fabien que les enfants n'avaient pas vue depuis près de deux ans.
Nous faisions donc des pauses câlins entre nos séances de visites ou de courses, abrités par Valentine et son appartement douillet où nous avons fêté à la fois son diplôme et l'anniversaire commun de Mahault et Sissi.
Et tout à coup sonna l'heure du départ. Notre routeur météo nous ouvra une fenêtre très courte d'une journée et ne nous en informa que la veille. Brans le bas de combat pour préparer notre départ, faire les pleins de vivres et les dernières visites.
Dans la précipitation nous avons réussi à tout boucler puis soudain ce fut le grand vide : nous avons laissé Sybil sur le quai, dans un départ sur les chapeaux de roues qui ne nous a pas permis de réaliser vraiment que le voyage prenait fin pour elle qui devait rentrer en avion réviser son bac.
Nous n'en menions pas large, elle sur le quai et nous nous éloignant peu à peu de la marina sans réaliser vraiment. Pas facile de se quitter après deux ans de complicité intense. La vie en mer n'est vraiment pas idéale pour les ados car ils sont souvent seuls de leur espèce et ont du mal à se passer de la vie sociale qui fait un des bonheurs de cet âge-là. A plusieurs reprises Sybil nous a pourtant dit qu'elle vivra surement une partie de sa vie sur un bateau, parce qu'elle n'a rencontré sur l'eau que des gens heureux... On n'est pas peu fiers d'avoir réussi cette greffe là, ce n'était pas garanti avec un enfant de cet âge. Et pourtant, avec sa joie de vivre, son peps et son humour elle aura été un facteur de réussite énorme de notre aventure maritime....
En fin de journée, nous repassions donc le pont de Verrazano, gratifiés par un coucher de soleil magnifique qui réchauffait un peu nos coeurs serrés de quitter Sybil et NY aussi vite. I love NY, on reviendra... En attendant, 2000 milles nous séparent de l'Europe...
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