Dakar
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Quelques nouvelles de notre nav, tout d'abord. Nous étions très curieux de savoir comment les choses se passeraient. 850 milles nous attendaient, soit 5 à 10 jours de traversée et notre record se portait alors à 3 jours 1/2 seulement.
Eh bien nous avons adoré ! Le rythme fut vite adopté : les 4 grands prenaient un quart pendant 3 heures chaque nuit, les filles travaillaient le matin et nos après-midi étaient libres. Enfin ! Nous savons que la grande majorité d'entre vous nous imagine en vacances et nous devons avouer que vous avez presque raison. A une petite nuance près : tout ce qui auparavant n'exigeait comme effort que de presser quelques boutons (ceux du lave linge, du sèche linge, du micro-ondes et du lave-vaisselle, par exemple) nous demande maintenant un temps fou. Et si en escale toutes ces réjouissances nous occupent beaucoup, la
navigation nous dispense de la plupart de toutes
ces corvées. Pendant cette nav, nous avons donc pu
lire, jouer, bavarder tranquillement en famille, et lorsque
Dakar s'est annoncée, nous étions tout à fait disposés
à continuer un moment !!
Bientôt, notre pêche sera tellement foisonnante que nous ne prendrons plus la peine de vous en parler ...
La nature nous a gratifiés de quelques spectacles splendides ... Parfois des dauphins nous accompagnaient et nous avons même croisé quelques globicéphales
Noël approchant, Mahault et Sissi se sont lancées dans la confection d'une crèche en pâte à sel
Dakar ne dispose pas de marina pour les bateaux de plaisance, et le mouillage est interdit devant la ville. Les voyageurs de notre espèce se retrouvent donc tous au CVD, le Centre de Voile de Dakar, une sorte de petit club situé dans une baie au sud de la ville qui accueille les bateaux au mouillage.
La quantité de mousse et de coquillages qui s'accrochent à la plupart des voiliers qui nous entourent donne très vite le ton : soit l'eau est vraiment très sale, soit l'escale envoûte et l'on y reste.
Eh bien tout est vrai : à peine débarqués, nous vérifions la maxime que nous avait annoncée un de nos amis. Ici la croisière se termine et le voyage commence. Tout est dépaysement. La beauté de la plage sur laquelle nous sommes n'a d'égale que sa saleté et la pauvreté des pêcheurs qui y vivent, dans des petites cases sommaires faites de matériaux récupérés ça et là et posées à même le sable.
Notre arrivée au Sénégal nous impose quelques règles sanitaires nouvelles. Bien sûr nous prenons un traitement contre le paludisme. La saison des pluies est passée, mais quelques cas de crise de palu parmi les habitués du CVD nous encouragent dans notre prudence. Les personnes touchées sont des sénégalais qui travaillent sur la base. Ils ne prennent pas de traitement préventif, ne s'appliquent pas de répulsif, et ont rarement les moyens de se soigner en cas de crise.
Nous ferons désormais aussi très attention à ne consommer que de l'eau minérale, et à rincer nos pieds à l'eau de javel chaque fois que nous remontons à bord pour éviter l'ankylostomiase transmise par les nombreux chiens sauvages qui portent ces parasites et errent sur la plage du CVD.
Nous nous adaptons très vite. C'est le gros avantage de ce type de voyage, nous n'avons à nous habituer qu'au monde extérieur, notre maison se transporte avec nous ...
Une navette-taxi nous emmène vers le ponton, ce qui assure aux plus petits une certaine autonomie ...
Scènes de rues glanées çà et là...
Nous avons pris assez peu de photos dans Dakar, car la religion musulmane interdit la représentation de la figure humaine et nous ne voulions pas commettre d'impair.
Nous avons été très frappés par la pauvreté de ce peuple, qui vient choquer assez brutalement l'opulence à laquelle nous étions habitués. Dans la rue, des vendeurs ambulants proposent aux passagers des taxis des objets que nous aurions mis au rebut depuis des mois : télécommandes de téléviseurs, bidons vides de produits ménagers, boites de coton-tige à la propreté douteuse. Tout est récupéré et transformé.
La ville est malodorante et sale le plus souvent, certains quartiers donnent l'impression d'être laissés à l'abandon, d'autres sont de véritables bidonvilles dans lesquels se cotoient enfants, moutons, chèvres, dans une activité fébrile qui nous fascinera.
Nous sommes interpellés dans tous nos déplacements, les blancs (les toubabs, comme nous appellent les sénégalais) représentant pour eux une manne potentielle. Tout est prétexte à nous réclamer de l'argent, nous sommes parfois assaillis par des vendeurs qui considèrent le moindre signe d'hésitation comme un début d'accord et se lancent dans des négociations serrées.
Notre passage, assez court, dans cette ville ne nous a permis d'en avoir qu'un aperçu, mais nous avons eu le sentiment que ce peuple n'était pas malheureux. Les gens sourient, nous accueillent chaleureusement, et nous n'avons jamais ressenti la moindre hostilité à notre égard.
Grâce à de vieux amis (merci les Rosto !!) nous avons fait la connaissance du commandant des forces françaises au Sénégal et de sa femme, les Torcy, qui nous ont accompagnés dans la découverte de Dakar et nous ont montré la ville en connaisseurs, à commencer par une visite de Gorée. Cette île nous a rappelé Porquerolles, le charme de son port et ses eaux claires. Le développement de Dakar à partir du XIXème siècle s'appuira sur Gorée, son premier “quartier”.
Aujourd'hui elle attire de nombreux touristes, tant par l'attrait de ses ruelles colorées que parcequ'elle est devenue la mémoire de la traite des esclaves africains. Le fort de l'île retrace l'histoire du Sénégal et de l'esclavage et la visite de la “Maison des esclaves”, rénovée par l'Unesco, permet de retracer les dernières journées des esclaves avant qu'ils soient envoyés outre-mer
Mahault dans la maison des esclaves, devant la pièce où étaient parqués les enfants.
Nous sommes passés devant une maternelle, à l'heure de la récré. Mahault et Sissi ont eu un certain succès.
Sur les pas des Torcy, nous avons découvert quelques artisans qui nous ont ébahis. La qualité et la beauté de leur travail n'a d'égale que la misère des moyens dont ils disposent. Nous avons vu oeuvrer des tisserands à même le sable. Ils fabriquent manuellement du tissu, au rythme de 80 cm par heure, vendu 8000 frs CFA le mètre, soit 80 de nos anciens francs. Leurs étoffes sont chatoyantes et somptueuses, en France elles pourraient être proposées par nos plus grandes maisons de luxe. Nous avons aussi vu un sculpteur et ses ouvriers travailler le bronze. Son atelier était ce jour là en pleine effervescence et nous avons pu suivre chacune des étapes de la fabrication de bronzes selon la méthode de la cire perdue. Les modèles sont tout d'abord sculpées dans la cire puis moulées dans du plâtre dans lequel le bronze est ensuite coulé. Nos inspecteurs du travail seraient probablement horrifiés de la manière dont ils travaillent : accroupis sur le sol, ils sont au contact et respirent des produits toxiques sans aucune protection...
Le palais présidentiel de Abdoulaye Wade présente un certain contraste avec le reste de Dakar ...
1er Dimanche de l'avent ...
Nous sommes allés à la cathédrale de Dakar pour assister à une messe accompagnée par une chorale d'une cinquantaine de voix et des djembés. Difficile de ne pas danser d'un pied sur l'autre. Difficile aussi de se projeter dans Noël. Il fait près de 40° à l'ombre, nous sommes vêtus légèrement, et pas un sapin, pas une guirlande, pas une vitrine ne décorent la ville.
Toujours avec nos amis Torcy, nous passons la journée à la plage, à Yoff. L'eau est claire, température 28°. Nous surfons sur les vagues de l'atlantique et ne pouvons nous empêcher de penser à nos familles et amis dans le froid de Paris, où paraît-il il neige ...
Nous assisterons à une scène extraordinaire : au milieu des toubabs en bikini, une pirogue vient déposer ses pêcheurs, qui accompagnés par une horde surgie de nulle part, peinera à remonter sous nos yeux un gigantesque filet. La pêche fut assez maigre mais le spectacle des enfants chantant et dansant pour imposer un rythme aux pêcheurs nous a enchantés.
Les rôles sont clairement distribués. Les femmes attendent l'arrivée des poissons. Ellles enverront leurs fils attraper les meilleurs et les achèteront au chef de la pirogue pour ensuite les revendre.
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Sissi chez Aîta, le restaurant où nous avons vite pris nos habitudes. Nous y déjeunions pour 1 000frs CFA (1,5 euros), de délicieux poulets yassa, tiéboudienne ou même boeuf bourguignon et blanquette de veau !
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