Bolivie
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Nous ne pensions pas aller en Bolivie, mais les échos transmis par les backpackers croisés çà et là nous ont tous convaincus. Nous n'étions pas à un pays près et qui sait quand nous aurions de nouveau la chance d'être dans ces parages ?? Alors au diable les frontières ! Après notre séjour sur le lac Titicaca, nous avons donc parcouru l'Altiplano vers le sud, pour atteindre la grouillante La Paz où Sabine ne passa que quelques jours, le temps d'assister à notre défaite en Allemagne et de, malheureusement, nous quitter pour rejoindre Paris. Il existe de grandes similitudes entre le Pérou et la Bolivie : mêmes visages typés, marqués par leurs origines indiennes, mêmes vêtements, même pratiques religieuses alliant catholicisme et cultes ancestraux, même architecture (très pauvre si l'on excepte les constructions coloniales), même faune, même relief et même végétation. Notre séjour s'articula essentiellement autour de la découverte du salar d'Uyuni et du désert du Lipez, après la visite de Potosi, tristement célèbre pour l'exploitation de ses mines qui couvrirent d'argent l'Espagne conquérante, puis la visite de Sucre, capitale administrative du pays dans laquelle nous avons redécouvert la chaleur et le farniente.
La Paz
La ville s'étale sur 800 mètres de dénivelé. Les quartiers riches sont à basse altitude où l'air est plus respirable et les températures plus agréables, tandis que le haut de la ville balayé par des vents glacials est occupé par les quartiers populaires et pauvres. Toute la ville est surplombée par une centaine de pics de plus de 5 000 mètres qui forment la cordillère royale, séparant l'Altiplano de l'Amazonie. Pas mal de touristes viennent à La Paz pour trekker dans les environs, et des montagnards pourtant assez peu chevronnés s'offrent le Huayna Potosi, tout proche, un des sommets de 6 000 mètres les plus “accessibles”. La Paz est une ville grouillante, bruyante, dans laquelle s'étale un des plus grands marchés que nous ayions jamais vus. On y fait de très bonnes affaires, les prix de l'artisanat étant encore moins élevés qu'au Pérou. Nos sacs à dos étaient déjà très lourds, encombrés d'ailleurs de choses qui ne nous ont jamais servis et que nous avons portées inutilement pendant un mois et demi : robes légères, sandales, notre tente car nous pensions faire du camping sauvage, ignorants que nous étions de la rudesse de ces pays ... Nos achats furent donc malheureusement assez réduits, même si nous n'avons pas résisté à quelques mantas pourtant bien lourdes, ces couvertures que portent les péruviennes et les boliviennes dans leur dos, et dans lequel elles entassent leurs marchandises, leurs enfants ou leurs petites affaires, une sorte de sac à main en moins sophistiqué !
Potosi
Située à 4 000 mètres d'altitude, la ville est dominée par le “Cerro Rico”, la colline riche, exploitée par les espagnols à partir du milieu du XVI ème et qui vit mourir d'épuisement et de maladies plus de 6 millions de mineurs, des indiens et des esclaves noirs soumis au travail forcé par l'avidité des conquistadors. Pendant plus de deux siècles, Potosi déversa en Espagne l'équivalent de 50 milliards de dollars d'or et surtout d'argent et il semblerait que le développement du capitalisme en Europe ait très largement été entraîné par l'afflux de ces richesses en Espagne. Aujourd'hui les filons du Cerro Rico sont presque épuisés et pourtant la mine continue d'être exploitée. Les habitants de la ville se sont organisés en coopératives et 100 000 mineurs descendent chaque jour dans ses boyaux. Nous avons pu visiter les mines et en sommes sortis très mal à l'aise. Tout d'abord la montagne est aujourd'hui un véritable gruyère, qui continue à être creusé sans que les mineurs se concertent. Elle menace donc de s'écrouler à tout instant et un ingéneur des mines français croisé à Sucre nous dira après notre visite combien elle fut dangereuse sans que nous le sachions ! Mais surtout, nous y avons croisé des enfants de 10 ans, vendant à l'extérieur quelques échantillons des minerais qu'on peut y trouver, et deux enfants de 14 et 15 ans qui eux passent leur journée dans la mine, sans jamais aller à l'école (en Bolivie le taux d'illétrisme est de 40 à 45%). Ces enfants commencent par pousser les chariots ou à assister ceux qui creusent, pour un salaire équivalent à 4 euros par jour. Ensuite ils grimpent dans la hiérarchie de la mine mais ils sont voués à une mort très jeunes puisque leur espérance de vie avoisine 40 ou 45 ans. L'un de ces mineurs découvre parfois un filon d'argent. C'est alors pour lui la fortune du jour au lendemain, mais les élus sont très peu nombreux et c'est surtout la misère des lieux qui nous a sauté aux yeux. Germinal au XXIème siècle... La ville de Potosi est magnifique, l'afflux de richesses ayant permis la construction de palais, d'églises et de couvents baroques somptueux. Aujourd'hui ce patrimoine, classé par l'Unesco, reste remarquablement bien entretenu.
Sucre
La Bolivie est le premier pays d'Amérique du Sud à s'être affranchi des espagnols, et c'est à Sucre que se fit l'indépendance de Simon Bolivar en 1825. Même si le gouvernement siège à La Paz et que le palais présidentiel s'y trouve aussi, Sucre reste la capitale de la Bolivie. Surnommée “la ville blanche” à cause de la couleur de ses édifices, Sucre abrite elle aussi quelques merveilleux palais, et une cathédrale dans laquelle nous avons eu la chance de pouvoir entendre un concerto de Mozart fort bien interprété!
Salar d'Uyuni et sud Lipez
Le routard nous avait prévenus : attention au choix de votre agence, le salar est un univers hostile dans lequel se perdre peut être fatal. Situé à 3650 m d'altitude, le plus grand désert de sel du monde fait la taille de deux départements français, vides de tout habitant, et les températures la nuit peuvent atteindre -25°. Seules quelques petites îles comme Isla del Pescador sur laquelle culminent des cactus de plus de 10m viennent rompre l'uniformité des lieux. La visite a commencé par la découverte du cimetière des trains de Bolivie, en lisière du lac, décor surréaliste dans lequel s'entassent locomotives et wagons délabrés...
Les conditions de travail sur le salar sont particulièrement éprouvantes: Le sel ronge mains et pieds, la réverbération du soleil est intenable, et le sel se vend 60 centimes d'euro la tonne, une misère. C'est pourtant la seule ressource de quelques centaines de personnes qui piochent et chargent quotidiennement le sel du lac.
Dans cette maison, tout est fait de blocs de sel
Le deuxième jour de notre petite expédition, après une nuit dans un refuge sommaire où nous avons dormi dans nos sacs de couchage sous 4 couvertures tellement il faisait froid, nous sommes repartis découvrir le sud Lipez, désert volcanique rythmé par les lagunes qu'occupent flamants roses et vigognes.
3ème jour : après une nuit encore plus froide que la précédente, nous sommes repartis à 5h pour arriver à temps près des geysers, où nous avons battu notre record d'altitude (5 000 mètres) et de froid. Récompense de ce réveil matinal, pour les plus motivés, un bain à 37° dans les sources toutes proches, sous le regard des frileux qui n'auront pas eu le courage de se mettre en maillot avant de courir vers le bassin !
Nous restait ensuite à regagner lePérou. Nous avons donc fait une courte incursion sur les terres chiliennes, le temps d'un petit bain dans le Pacifique. Faute de grives on mange des merles , à défaut de Bora Bora nous aurons eu Arica et son décor sinistre découvert sous une brume qui ne quitte pas les côtes pendant l'hiver. La température de l'eau nous a rassurées : exception faite de Fabien qui trouve les eaux Caraïbes à peine assez chaudes pour lui et qui nous a donc observées de la plage, nous sommes encore capables de nous baigner en Bretagne !
La frontière Bolivie-Chili. Ne pas se fier aux apparences. Quelques centaines de mètres plus loin, nous avons été arrêtés par la brigade des stups locale. Pas comiques du tout, le genre de personnes qui vous font vous sentir coupables alors que vous n'avez rien à vous reprocher.
Et faute de Galapagos on se contentera des otaries d'Arica
A gauche, le fameux rocher duquel les chiliens tinrent tête aux boliviens. Depuis, la Bolivie est le seul pays d'Amérique du Sud qui n'ait pas accès à la mer.
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